Films, SVOD

« La plateforme », Galder Gaztelu-Urrutia

La plateforme (El hoyo) | Espagne, mars 2020 | Thriller psychologique

Réalisé par Galder Gaztelu-Urrutia avec Ivan Massagué, Alexandra Masangkay, Antonia San Juan et Zorion Eguileor.

Résumé : Des prisonniers se retrouvent enfermés au sein d’une structure aux étages interminables. Au centre de cette tour, une plateforme transportant de la nourriture privilégie ceux du haut tout en affamant ceux du bas. Un nouveau détenu va tout faire pour changer ce système inégal.

« La fosse » est une prison particulière, il est possible d’y entrer volontairement pour participer à une étude et en sortir avec un diplôme. C’est le choix qu’a fait Gorgen, le personnage principal de l’histoire, qui décide d’intégrer ce lieu troublant. Sur chaque niveau, deux personnes se partagent l’espace et chaque jour une plateforme centrale transportant un véritable festin descend d’étage en étage. Les plus chanceux en haut se remplissent la pence laissant les carcasses aux plus malheureux du bas.

Hay tres clases de personas : los de arriba, los de abajo y los que caen.

« Il existe trois catégories de gens : ceux d’en haut, ceux d’en bas et ceux qui tombent. »

Rappelant l’expérience de Milgram publiée en 1963 qui avait pour objectif de tester le niveau d’obéissance d’un individu contraint à une haute autorité,  l’expérience de La Plateforme porte sur la capacité de chacun à faire preuve de solidarité face un système qui semble inégal, aléatoire et injuste.

Le réalisateur réussi à nous placer au centre d’une véritable dystopie sans portes ni fenêtres ne nous donnant pas plus d’informations qu’en a le personnage dans la découverte de ce système. Le tout baigné dans des ambiances bleues/grises renforçant cette atmosphère froide et métallique et un design sonore entrainant le spectateur dans une bulle anxiogène hors du temps.

Beaucoup d’éléments de compréhension sont placés dans ce thriller violent et contestataire et ce, dès la scène d’ouverture. Notons que notre anti-héros a pour livre de chevet « Don Quichote » symbole de l’acharnement frontal et critique des structures sociales rigides et verticales. Dans la fosse, chaque personnage a son importance et accompagnera Gorgen dans les différentes étapes de sa survie et de son évolution psychologique.

On perçoit à travers ce huis-clos vertigineux la représentation d’une société à deux vitesses poussée à son extrême. La nourriture métaphore de la richesse et de survie en est le principal enjeu.

Pour son premier long métrage à l’idée singulière, le réalisateur espagnol nous plonge sans grande subtilité au cœur d’une structure qui ne laisse jamais entrevoir la lumière du jour. Du début culinairement poétique à une fin ouverte, le film se veut énigmatique et libre d’interprétations. Un scénario solide et dérangeant pour un satire sociale aux idées larges qui place la notion de solidarité au cœur de la réussite collective.


Et si vous souhaitez en savoir plus sur la fin du film, une petite vidéo est sortie pour tout vous dire mais le mieux reste de se faire son propre avis… ⚠️SPOILER

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